En plein cœur de la région de Borana, dans le sud de l’Éthiopie, la vie s’organise autour d’une ressource aussi précieuse qu’insuffisante : l’eau. Ici, l’accès à l’eau potable reste un luxe rare, souvent hors de portée pour de nombreuses familles.
Avec 85 % de la population dépendant de l’agriculture pour survivre, la sécheresse persistante depuis des années met en péril non seulement les récoltes, mais aussi la survie des troupeaux, qui sont essentiels à l’économie locale. Dans ce contexte difficile, le projet de puits et de réservoir à Haro Bake, mené par l’association Elise Care, représente une véritable bouée de sauvetage.
Nous intervenons dans le sud, dans des zones arides où l’eau est rare. En construisant des puits, nous avons permis aux filles d’éviter de marcher 4 à 6 heures pour accéder à de l’eau potable. Nous avons installé 6 puits pour 12 000 foyers, et désormais, ces jeunes filles pourront aller à l’école. Nous avons veillé à ce que leur temps de trajet ne dépasse pas 30 minutes », explique Elise Boghossian, fondatrice de l’ONG Elise Care, soulignant l’impact direct de ce projet sur la vie quotidienne des jeunes filles, leur hygiène et leur accès à l’éducation.
Sur place à Yabello, j’ai pu constater l’avancée des travaux. Ce projet ambitieux a nécessité des mois de préparation et de négociations, culminant avec la signature d’un contrat le 1er février 2024. L’objectif est de fournir une source d’eau potable durable à près de 50 000 personnes réparties dans 5 000 familles souvent isolées, » déclare Dorothée Van Der Cruyssen, Directrice du Mécénat au sein du Groupe Bolloré et Reporter d’impact.
L’Agence Française de Développement (AFD) souligne que l’Éthiopie est le deuxième pays d’Afrique subsaharienne où l’accès à l’eau potable est le plus faible, avec seulement 52% de la population ayant accès à cette ressource vitale. Pire encore, le taux d’assainissement y est inférieur à 50%, entraînant des conséquences dramatiques sur la santé des habitants. L’eau insalubre est en effet à l’origine de nombreuses maladies diarrhéiques, aggravant une situation de malnutrition déjà critique, surtout chez les enfants. La mise en œuvre de ce projet n’a pas été sans défis. Le premier forage, initialement prévu sur un site spécifique, a dû être abandonné en raison d’une insuffisance d’eau. Un contretemps qui a obligé les équipes de Elise Boghossian à se déplacer 70 mètres plus loin, prolongeant ainsi les délais. Les paiements, échelonnés sur plusieurs mois, ont permis d’assurer la continuité des travaux, avec une première tranche débloquée fin février, suivie d’autres en avril et en mai 2024.
En juillet 2024, après plusieurs mois d’efforts, le projet touche à sa fin. Les tests de qualité de l’eau, effectués fin juillet, confirment que l’eau est enfin propre à la consommation. Les habitants de Haro Bake peuvent désormais accéder à une eau potable sans avoir à parcourir des kilomètres, une tâche qui incombait généralement aux jeunes filles, au détriment de leur scolarité. Pour ces milliers de familles, ce puits profond est plus qu’une source d’eau : c’est une nouvelle source de vie. Bien qu’il existe d’autres points d’eau dans la région, ils sont souvent trop éloignés et l’eau, insuffisante et contaminée, ne peut répondre aux besoins des habitants. Ce projet de forage, malgré ses défis, s’impose donc comme une réponse concrète et pérenne à un problème crucial.
À travers ce projet, l’association Elise Care, avec le soutien de ses partenaires, démontre que des solutions existent, même dans les contextes les plus difficiles. Un investissement de 2 347 000 ETB (environ 45 000 €) qui change la vie de toute une communauté, en offrant à ces milliers de personnes non seulement de l’eau potable, mais aussi l’espoir d’un avenir meilleur.